[*** = disponible en française. Ces catégories ne sont évidemment pas mutuellement exclusives: les femmes dans les chaînes peuvent être des objets de désir, ou les victimes et les femmes martyrs idéale Traduction par Vanessa Ly, Paris; formatage et liens hypertextes par George P. Landow.]
A gauche Circé offrant une coupe à Ulysse. Circé Invidiosa de John William Waterhouse. [Click on these images to enlarge them.]
La sorcière – sujet que l’on trouve dans les travaux tardifs de l’école pré-raphaélite - incarnait les pouvoirs potentiellement diaboliques de la femme fatale. John William Waterhouse, Fredrick Sandys et d’autres peintres, notamment Sir Edward Burne-Jones, se sont servi du sujet de la femme aux pouvoirs surnaturels pour mettre en lumière la réaction ayant cours à la fin de l’ère victorienne envers une caractéristique féminine bien précise : la sexualité féminine et son pouvoir sur les hommes. A l’instar du poète Robert Browning (qui a, quant à lui, une attitude très différente envers les femmes), ces peintres ont choisi des sujets issus de la Grèce Antique et du Moyen-Age européen. De cette façon, ils sous-entendaient que cette fascination (ou obsession) de l’époque était universellement acquise puisqu’elle trouvait une incarnation à différentes ères. Ainsi, la Circé peinte par Waterhouse fait remonter aux mythes de la Grèce Antique le contrôle à la fois naturel et surnaturel de la femme sur les hommes, tandis que la Morgan le Fay de Fredrick Sandys en incarne la forme médiévale, tout comme les différentes représentations de La Belle Dame sans Merci.
La sorcière possède un côté maléfique, puisqu’elle utilise sa magie pour mettre en danger ses victimes mâles. L’art du pré-raphaélite tardif Edward Burne-Jones est parsemé de femmes provenant du monde du merveilleux, des sirènes qui noient les hommes aux sorcières aveugles dupées par Persée. Pour Burne-Jones, la sorcière n’est pas un fantasme ; elle est au contraire d’une réalité dérangeante, comme en attestent ses tableaux « Le vin de Circé » et « La séduction de Merlin ». Dans « Le vin de Circé », Burne-Jones emploie une palette qui diffère de ses couleurs habituelles : au lieu de couleurs neutres, fumées, il utilise des jaunes vifs, de l’écarlate et du doré. Les formes et les lignes ont plus de poids et de définition que d’habitude. Le personnage immense de Circé domine l’image, son corps courbé couvrant pratiquement toute la ligne horizontale du tableau, tandis qu’elle se penche en avant pour verser du poison dans une carafe de vin. Elle retient d’une main son ample vêtement pour éviter qu’il ne glisse. Les deux panthères à ses côtés font écho à sa férocité féline. Le modèle de cette Circé, Mary Zambaco, était une femme ayant acquis une domination sur la vie de Burne-Jones, au détriment de son épouse, Georgiana, qui ne possédait pas la même force. Les sentiments tumultueux qui s’ensuivirent et les conséquences d’une aventure avec son modèle ont probablement contribué à la représentation de Mary comme une séductrice féérique par Burne-Jones.
Dans « La séduction de Merlin », un immense tableau d’environ deux mètres de haut sur un de large, Mary domine encore une fois la scène. Elle se tient au premier plan, le buste tourné vers l’arrière pour jeter un sort à Merlin, le piégeant dans une aubépine. Burne-Jones dépeint un Merlin prostré, impuissant au milieu des fleurs qui l’emprisonnent, regardant avec des yeux noyés de larmes celle qui l’a trahi. Le tableau est une vision personnelle de la séduction d’un artiste par son modèle. Dans le cas de Burne-Jones, la représentation de la femme fatale comme une ensorceleuse avait un réel écho dans sa vie personnelle.
Autres représentations de Circé
Last modified 24 juin 2012