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é en 1868 à Glasgow, en Ecosse, fils d’un commissaire de police et de son épouse, Charles Rennie Mackintosh s’intéressa à l’architecture et au design dès son plus jeune âge. Après avoir fréquenté un lycée public de la ville, la carrière de Charles en tant que designer, artisan et architecte prit son essor lorsque John Hutchinson lui offrit un apprentissage dans son cabinet d’architecture de Glasgow, où il travailla pendant cinq ans. En 1889, le jeune Mackintosh rejoignit le cabinet de Honeyman and Keppie, toujours à Glasgow, en tant que dessinateur junior. Durant cette période, Mackintosh commença à suivre des cours à la Glasgow School of Art, sous l’égide de Francis H. Newberry qui avait réussi à faire évoluer l’enseignement dispensé, passant de l’étude de la tradition classique à des cours pratiques en arts appliqués. Durant les années 1890, les voyages et les études de Mackintosh à travers l’Italie et l’Angleterre, ainsi que ses lectures d’auteurs tels que W. R. Lethaby, David McGibbon, Thomas Ross et John Ruskin, lui ont permis de faire mûrir sa philosophie du design. Peu après, en 1901, il fut promu en tant qu’associé au cabinet de Honeyman and Keppie, à la suite du départ à la retraite de Honeyman. A ce moment de sa carrière, son approche intellectuelle du design s’était cristallisée. Durant ses conférences devant des apprentis à la Glasgow Architectural Association, il souligna les théories phares de sa carrière en mettant l’accent sur « l’honnêteté de l’expression en architecture, la nécessité d’une utilité dans le design ainsi que de constructions vouées à la décoration et non pas d’une décoration construite, et l’importance capitale d’une indépendance créative combinée au respect du passé » (Robertson, 6). Dans son design mobilier notamment, Mackintosh s’efforça d’incorporer chacun de ces concepts.

Mackintosh chair Mackintosh chair

Mackintosh intègre ses célèbres chaises à haut dossier, peut-être sa création la plus marquante et la plus célèbre, dans de nombreux projets de design intérieur domestique. Pour sa première commande de décor domestique à Windyhill, Kilmacolm (Ecossse), les chaises du hall allaient ainsi imposer un style et un précédent pour de nombreux projets de design intérieur à venir. Le haut dossier, ainsi que l’apparence austère et inconfortable de la chaise du hall de Windyhill allaient devenir une marque de fabrique tout au long de sa carrière. Judicieusement disposées au sein de la pièce, ces chaises jouaient un rôle architectural avec efficacité, en rythmant et en définissant l’espace intérieur. Fabriquées par Francis Smith, à Glasgow, sous la direction de Mackintosh, ces chaises ont une forme presque entièrement géométrique et sévère, mais rappellent toutefois quelque chose d’organique. Howarth explique ainsi que « les dossiers hauts, les éléments ovales, les motifs de carrés et de croissants découpés, évoquent l’idée de croissance, d’une vitalité qui pousse vers le haut. » (Howarth, 50). De la même façon, dans des projets tels que la Willow Tea Room, les nombreuses chaises hautes et élégantes qui sont assemblées ressemblent à une forêt de saules, en dépit de leur design brut et inconfortable. Pour chacune de ces chaises, le design met l’accent sur l’effet esthétique plutôt que sur l’aspect pratique et sur le confort. De cette manière, les chaises de Mackintosh donnent une sensation de distance et d’inaccessibilité qui est liée au fait que ces créations étaient davantage des œuvres d’art que des meubles usuels et confortables. Cette impression définit d’ailleurs les intérieurs de Mackintosh dans leur ensemble.

En outre, Mackintosh a dessiné une collection remarquable de lits et de meubles de rangement pour ses commandes de design d’intérieurs. Souvent peints tout en blanc, ces meubles, à l’instar des chaises, contrastaient fortement avec le mobilier de l’époque. Les meubles de rangement, en particulier, présentent une surface peinte qui « permet aux contours curvilignes et complexes de s’exprimer clairement » étant donné qu’il n’y a « quasiment aucune ligne droite dans toute la composition ». De cette façon, il a pu explorer avec succès tout le « potentiel sculptural du bois, écrasant ainsi le fil du bois disgracieux sous une couche de peinture » (Robertson, 22). Ainsi, Mackinotsh développa une toute nouvelle approche dans la création et la décoration du mobilier domestique. Il poussa ce style d’ornementation encore plus loin, notamment avec le meuble de rangement conçu pour la salle de réception de Kinsborough Gardens ; il utilisa ainsi de la peinture pour décorer l’intérieur des portes du meuble et y dessiner une femme tenant une rose de manière stylisée et élaborée. D’abord pensé comme un coffre à jouets pour Windymill, en 1901, cette œuvre célèbre permit à Mackintosh de finalement créer l’effet d’un « boudoir pour dames digne d’un conte de fée » pour sa cliente, Mrs. Robert J. Rowat (Robertson, 22). Dans ce projet comme dans d’autres, tels que la Hill House à Helensborough, Mackintosh a souvent opté pour un design brut et organique, combiné à une blancheur uniforme seulement interrompue par des dessins au pochoir ou des motifs géométriques colorés à travers la pièce. Il aimait particulièrement utiliser ce style dans les chambres à coucher. Dans ce contexte, « Mackintosh intégrait toujours des armoires encastrées luxueusement, et ses cadres de lit, en dehors de ses lits à baldaquin, sont d’un intérêt exceptionnel. Leur construction était massive, les extrémités n’étant pas encadrées mais faites d’un bois solide » (Howarth, 106). Ainsi, le style du mobilier pour chambre imaginé par Mackintosh allait marquer, au tournant du siècle, un contraste fort et remarquable avec tout ce qui avait précédé ses œuvres.

De cette façon, on peut dire que le mobilier de Mackintosh était sans précédent. L’artiste a créé des œuvres novatrices qui paraissent géométriques, distantes et austères, tout en conservant un aspect organique qui suggère la croissance végétale. La dimension nouvelle apportée par cette combinaison d’éléments allait devenir l’héritage de Mackintosh et elle n’est jamais plus évidente que dans son design d’intérieur et son mobilier avant-gardiste.

Questions

1. Selon vous, quel est l’effet esthétique produit par l’utilisation par Mackintosh du blanc dans le design du mobilier et des intérieurs ? Pourquoi a-t-il utilisé cette couleur dans la chambre et les pièces privées d’une maison, mais pas dans des espaces publics comme la bibliothèque de la Glasgow School of Art ?

2. Dans quelle mesure peut-on considérer le design brut et minimaliste de Mackintosh comme étant une réaction aux intérieurs de son époque ? Comment peut-on l’analyser face aux textiles et aux imprimés présents dans les intérieurs inspirés par William Morris ? Que nous révèle éventuellement ce nouveau parti pris sur cette époque ?

3. Mackintosh se soucie-t-il de la praticité de ses designs d’intérieur ? Selon vous, quels éléments illustrent son intérêt pour le confort du mobilier plutôt que pour son esthétique agréable ?

4. Comment peut-on comparer les intérieurs meublés de Mackintosh avec ses autres œuvres, telles que ses imprimés et/ou ses conceptions architecturales ? Sont-ils plus simples ? Si oui, pour quelle raison ?

Bibliographie

Howarth, Thomas. Charles Rennie Mackintosh and the Modern Movement. Routlage, London: 1952.

Mackintosh, Charles Rennie. The Estate and Collection of Works by Charles Rennie Mackintosh. University of Glasgow, 1991.


Dernière modification 23 novembre 2004;

traduction de Sabrina Laurent 22 octobre 2021