La traduction de la poésie de Wilde par Albert Savine provient du Project Gutenberg EBook de son édition de Poèmes (1907). Date de sortie: janvier 2005 [EBook #14683]. Produit par Miranda van de Heijning, Renald Levesque et le Online Distributed Proofreading Team.
I.—Les Silhouettes
La mer est tachée de barres grises, le vent morne
et funèbre chante faux, et pareil à une feuille flétrie,
le reflet de la lune est chassé à travers la baie
orageuse.
Dessiné par un contour net sur le sable pâle, gît le
noir bateau. Un mousse, dans sa joie insouciante,
grimpe à bord. On voit le rire sur sa face et la blancheur
de sa main.
Et là-haut s'entend le cri des courlis, là où par
la prairie enténébrée des hauteurs, passent les
jeunes moissonneurs aux cous hâlés, silhouettes
qui se dessinent sur le ciel.
II.—La suite de la lune
Pour les sens du dehors, c'est la paix, une paix
rêveuse dans toutes les directions, un silence profond
sur la terre enveloppée d'ombres, un silence
profond là où cessent les ombres.
À part un cri qui réveille un écho perçant, et que
lance un oiseau qui se désole dans sa solitude, un
râle des genêts appelant sa compagne, et la réponse
part de la colline perdue dans le brouillard.
Et soudain, la lune retire des cieux qui s'éclairent,
sa faucille, et fuit vers sa sombre caverne, enveloppée
dans un voile de gaze jaune.
Bout modifié 10 février 2019