Departure Platform

Departure Platform, Victoria Station. James Tissot, 1836-1902. Signature et datation imprécise au dos du panneau. Huile sur bois. 58,5 x 30,5 cm. 1881-82. Provenance: Thomas Agnew and Sons, Londres.


Commentaire de Christopher Newall

Michael Wentworth a noté qu'il s'agissait d'une première version de By Land, une toile perdue dont on connaît une réplique à l'aquarelle. On observe de nombreuses variations entre cette esquisse à l’huile et l’aquarelle ; seul le décor de la gare, avec son toit vitré, ses colonnes en fer et ses lampes à gaz, est resté le même. La scène représentée dans les deux tableaux est également très différente : dans l’esquisse peinte à l'huile, la jeune fille au premier plan monte dans un fiacre, tandis que dans l'aquarelle, elle se tient impassible pendant que son compagnon hèle une calèche. Le sujet de By Land allait de pair avec une autre toile intitulée By Water. Une fois achevés, les deux tableaux furent exposés ensemble à la Dudley Gallery en 1882. On connait l’existence de cette seconde toile grâce à une réplique à l'aquarelle aujourd’hui intitulée Waiting at Dockside, désormais conservée à la Owen Edgar Gallery de Londres. Le modèle féminin présenté dans chacune des versions à l’aquarelle, et donc probablement aussi dans l’esquisse à l’huile, est Kathleen Newton. Michael Wentworth a daté la présente toile aux environs de 1881-82.

Cette toile est l’une des nombreuses représentations victoriennes sur le thème du voyage. Les chemins de fer jouant alors un rôle important dans la vie contemporaine, il était tout à fait naturel qu’un artiste cherchant à peindre des sujets de la vie moderne s’inspire de scènes se déroulant dans les gares ou à bord des trains. Tissot connaissait très probablement le tableau de Frith, The Railway Station, une toile extrêmement populaire lors de sa première exposition en 1862. Et quoique que sa gare fut peinte avec un esprit très différent de Frith, elle reste toujours plus proche du prototype anglais que d’une toile comme La Gare Saint-Lazare de Monet, par exemple.

Le contenu anecdotique de la toile de Frith a été ici mis de côté pour mettre en scène l’angoisse et l’excitation des départs et des arrivées. Ces émotions étaient particulièrement poignantes pour Tissot qui réalisa une série d’œuvres sur le thème du voyage durant son séjour en Angleterre ; il avait déjà peint des trains dans Waiting for the Train (Willesden Junction). Waiting for the Ferry (« En attendant le ferry ») est un sujet qu'il explora à trois reprises. Enfin, Goodbye, On the Mersey et Emigrants sont deux œuvres qui évoquent des voyages lointains.

Cette série de peintures trouve peut-être son inspiration dans l'expérience personnelle de Tissot, qui fut contraint d'échapper à la Commune et dut faire face à l’insécurité de son époque. Après tout, la gare de Victoria fut sans doute le premier site londonien où il mit les pieds à son arrivée dans la ville en 1871. Cette œuvre représente peut-être le souvenir nostalgique du lieu où il était venu chercher refuge. En tout cas, c’est également depuis cet endroit qu’il dut quitter Londres de façon tragique très peu de temps après la réalisation de cette esquisse, dont le modèle venait tout juste de décéder. [Traduction de Sabrina Laurent]

Peter Nahum Ltd, Londres, a généreusement accordé au Victorian Web la permission d’utiliser des informations, des images et du textes extraits de ses catalogues. Les droits d’utilisation restent bien entendu réservés à Peter Nahum Ltd. Les lecteurs sont invités à consulter le site internet de Peter Nahum At The Leicester Galleries, afin d’obtenir des informations sur les expositions en cours et commander des catalogues. [GPL]

Sources

Newall, Christopher. A Celebration of British and European Painting of the 19th and 20th Centuries. Londres : Peter Nahum, nd [1999?]. 38-39.

Wentworth, Michael. James Tissot. Londres : 1984.

Wentworth, Michael. James Tissot : Catalogue Raisonnée of his Prints. Londres : 1978.


Dernière modification 18 decembre 2004

Traduction de Sabrina Laurent 24 mai 2024